Extrait du texte de Véronique Mauron,
Exposition Ferme Asile, Sion
Cette série est constituée d’images représentant des cercles bleus aux surfaces
topographiques, comme creusées de vallées et rehaussées de montages, traversées
de cours d’eau et de failles. Un paysage à la fois abstrait et reconnaissable –
on dirait une planète – se dessine en textures et en strates. Mais on s’interroge.
Quel est le référent de ces images ? Est-ce une image astronomique ou aure chose ?
Nicolas Crispini est parti d’un objet trivial qu’il collecte lors de ses voyages :
les couvercles de boîtes de conserve rouillés. Il les a scannés en inversant la palette
chromatique, obtenant ainsi des bleus à la place des bruns. Agrandies fortement,
les images ne reproduisent plus leur référent mais donnent à voir tout autre chose.
Partir du réel et le transfigurer est une opération privilégiée par le photographe.
Si Nicolas Crispini se réfère au vers d’Éluard, La Terre est bleue comme une orange,
il joue aussi de l’ambiguïté formelle de cette image qui oscille entre le plan et
le volume pouvant être à la fois disque et sphère. Il évince aussi tout réalisme car
on a beau s’évertuer à chercher les continents et les océans dont nous connaissons
les formes depuis nos atlas géographiques et les images satellitaires, ceux-ci
apparaissent dans des terres et des eaux reconfigurées. Une Terre après la Terre
que nous habitons, une Terre inconnue, notre planète transformée.